L'hypnose à l'hôpital
- oneiros-therapie
- 28 nov. 2018
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 déc. 2018
Aujourd'hui l'hypnose est de plus en plus utilisée à l'hôpital par le personnel infirmier, que ce soit pour les soins quotidiens, dans les services de soins palliatifs ou encore pendant les interventions chirurgicales en complément des anesthésies.

La douleur
L’Association Internationale d’Etude de la Douleur définit la douleur comme « une sensation et une expérience émotionnelle désagréable en réponse à une atteinte tissulaire réelle ou potentielle ou décrite en ces termes* ».

Le ressenti à la douleur est donc subjectif et personnel, il ne peut prêter à interprétation ni à comparaison. Une lésion est plus ou moins douloureuse selon la personne. Lors de l’expérience de la douleur, les messages douloureux rejoignent plusieurs zones du cerveau. Le cortex cingulaire antérieur est impliqué dans la réponse émotionnelle à la douleur, le cortex somatosensoriel intervient dans l’intensité de la douleur. Des études d’imagerie cérébrale fonctionnelle ont montré que l’hypnose avec suggestion d’analgésie modifient l’activité des régions du cerveau intervenant dans la perception de la douleur et est donc particulièrement efficace dans la diminution du ressenti de la douleur. L’hypnose diminue à la fois l’intensité de la douleur et le ressenti**, l’hypnose a un effet analgésique***.
L’hypnose et les soins
Avec quelques années de retard sur les pays anglo-saxons, l’hypnose est de plus en plus utilisée en France par les personnels soignants à l’hôpital. Depuis le début des années 2000, la gestion de la douleur et le bien-être du patient sont devenus des priorités à l’hôpital****. Le personnel infirmier est souvent démuni face à la souffrance des patients lors de certains soins particulièrement douloureux, la pratique de l’hypnose apporte une méthode complémentaire dans la gestion de la douleur, elle permet de dissocier l’attention du patient en la focalisant sur tout autre chose que la zone douloureuse.

L’état hypnotique permet également une distorsion du temps, il est possible de l’accélérer ou de le ralentir. Cette faculté s’avère être très utile lors de soins particulièrement longs que le sujet aura, in fine, perçus comme rapide.
Utilisation de l’hypnose en soins palliatifs.
Les soins palliatifs cherchent à améliorer la qualité de vie des patients et de leur famille, face aux conséquences d’une maladie potentiellement mortelle, par la prévention et le soulagement de la souffrance (…), ainsi que le traitement de la douleur et des autres problèmes physiques, psychologiques*****. Par définition, les services de soins palliatifs accompagnent des personnes en fin de vie, des personnes atteintes de maladies évolutives létales dont les traitements curatifs sont inefficaces, afin de préserver leur dignité, de leur apporter du confort en s’occupant de leur souffrance physique et psychologique. Dans les services de soins palliatifs, les personnels soignants utilisent de plus en plus l’hypnose. Elle est très efficace dans la gestion de la douleur, diminution du ressenti et de l’intensité. Elle contribue également aux mieux être psychologique des patients en améliorant leur qualité de vie. En reprenant contact avec leur corps les patients acceptent mieux leur situation. Grâce à l’hypnose, une relation de confiance s’installe entre le personnel soignant et les patients. On remarque également une amélioration de l’endormissement des malades, une étude a montré que 67 % des patients qui ont bénéficié de l’hypnose disent être moins anxieux et prendre moins d’anxiolytiques****** .
L’hypnose dans les blocs opératoires.
L’hypnose s’est invitée dans les blocs opératoires, on parle d’hypnosédation lorsqu’elle est combinée avec une anesthésie locale pour des chirurgies légères à moyennes. Le bénéfice se traduit par une meilleure récupération et une diminution des douleurs post-opératoires. Lors d’une intervention nécessitant une anesthésie générale, l’hypnose en réduisant l’anxiété permet de réduire les anesthésiques, d’améliorer le réveil. Il a même été remarqué une meilleure cicatrisation due à la diminution du stress.

Au mois de septembre dernier, une intervention chirurgicale s’est déroulée au CHU de Lille.
Il s’agissait de remplacer la valve aortique d’un patient de 88 ans. Les chirurgiens ont incisé chacune des artères fémorales pour y introduire deux guides. Une anesthésie générale pouvant présenter des risques pour une personne âgée, l’hypnose et une anesthésie locale ont été utilisées avec succès.
* L’International Association for the Study of Pain a pour mission de réunir les cliniciens, les scientifiques, les professionnels de santé et responsables politiques impliqués dans le domaine de la douleur, de stimuler et d’encourager l’étude de la douleur et de diffuser ces connaissances et d’améliorer la prise en charge de la douleur dans le monde.
** FAYMONVILLE et al, anesthesiology, 2000
*** RAINVILLE, sciences, 1999
**** Loi du 4 mars 2002, il est prévu dans le code de santé publique que toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur.
***** Extrait de la définition des soins palliatifs par l’Organisation Mondiale de la Santé, 2002
****** Enquête de FINLAY, 1996
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